LE SONGEUR EN CHIMERIE

LE SONGEUR EN CHIMERIE

Le Journal d\'Abigaëlle

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Le but de ces épitextes est de voir un peu l'autre côté du rideau, les coulisses de mes histoires, ce qui m'a donné envie de les écrire.
C'est aussi un bon moyen de parler de vos réactions, des critiques ou bien des fautes que je n'aurais pas vu, de ce qui me permet d'avancer dans mon travail.

A propos de ce texte, voilà des commentaires que j'ai eus sur d'autres forums et mes interventions:

"Texte très touchant; c'est au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture que l'on comprend ce dont il s'agit. J'ai croisé aussi des personnes atteintes de cette terrible maladie dont une en stade terminal. Merci pour eux." (G.)

- J'ai vraiment voulu rendre un hommage. J'avais ce texte sur le coeur depuis longtemps. J'ai vu beaucoup de gens comme ça, en colère contre les autres qui ne comprennent rien. Refaisant chaque jour des choses qu'ils n'avaient pas à faire. Insistants pour sortir ne comprenant pas pourquoi on les garde. Pensant reconnaitre un proche chez un inconnu ou au contraire ayant effacés de leurs coeurs le visage de ceux qui les aiment. Ils sont comme des enfants dans de vieux corps. Ils font peur malgré eux. Eux qui ont si besoin de l'aide qu'ils refusent.

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"Magnifique comme d'habitude ,terrible aussi ..." (V.)

- Oui terrible.... de voir plusieurs personnes atteintes. Quelque chose dans le regard... des enfants perdus.. c'est ce qui m'a donné envie d'écrire ce texte.
Je pense à cet homme qui était l'un des plus grands cardiologues de Paris. Errant, zombifié, comme une âme en peine. Il se plantait à côté des tables de la salle à manger et vous fixait de ses yeux grands ouverts sur l'inconnu.
De temps en temps, il demandait "Qu'est-ce que je fais ici?" et qu'importe ce que les gens répondaient, cinq minutes après c'était oublié...

J'avais vu une femme qui demandait à voir son mari, et le personnel lui disait tous les jours "oui oui, il va venir... demain". Et chaque jour c'était pareil...
Elle disait "J'ai préparé ma valise, il va venir me chercher aujourd'hui". Alors, elle attendait à côté de la porte..
Chaque jour... Debout toute la journée... Murmurant à chaque voiture qui se garait "Ah! Le voilà!"...

Et puis un jour je ne l'ai plus vu. Je crois qu'elle était partie rejoindre enfin son mari.. dans un monde sûrement meilleur.

Il y a une chose dont je suis satisfait, et dont je vous remercie tous, c'est que mes histoires raniment des souvenirs, des drames, des choses personnelles. On me raconte, "moi aussi je connais ça, moi aussi j'ai vécu ceci".
Toutes ces choses dont on ne parle pas, non pas par honte, mais parce qu'on pense qu'on est seul à les vivre, ou que ça va ennuyer les autres, ou que ce n'est pas si important, ou que.... ça fait un peu mal d'en parler.

Alors, je suis content d'en parler pour vous, de me souvenir de tout cela, et de bien d'autres choses encore.

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"J?ai lu, assez poignant. Un récit qui met mal à l'aise. Il plane une chape douloureuse dans cette répétition... que d'amour.. On ressent le vide, ce manque, cette "non-vie", ce décalage. Ce temps arrêté." (L.)

- En effet, dire qu'on est trop aimé peut-être illusions, un monde qu'on s'invente quand justement on est pas aimé.
Je me souviens d'une fillette délaissée par ses parents qui racontait à tous que ses nounours et poupées lui disaient la nuit combien ils l'aimaient.
C'est une façon de se rassurer, et ça peut aussi être une façon de voir dans le travail des autres une forme d'amour. Elle me donne à manger, alors elle m'aime. Elle me lave, alors elle m'aime. Je connais des auxiliaires de vie qui aiment profondément les personnes dont elles s'occupent. Mais j'en connais hélas d'autres qui devraient changer de métier! Elles peuvent être terribles envers des gens qui souffrent, et pourtant, là aussi, ces personnes démunies pensent y trouver un peu d'amour...

Pour finir, je crois que cet amour dont je parle, dans ce texte, est fait de bribes de souvenirs, de choses qui sont forcément comme ça. On est forcément aimé par ses parents. On se raccroche au souvenir d'un mari qui était forcément amoureux et protecteur. Mais le véritable amour, actuel, réel, a été oublié, et c'est ce qui est terrible, oublier qu'on a des amis, des enfants, des petits enfants, et qu'ils nous aiment au jour le jour.
Oublier qu'on est aimé... terrible châtiment d'un cerveau qui s'efface.
Don't dream it... Be it!
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